Située dans le nord du district d’Orange Walk au Belize, Lamanai, signifiant « crocodile submergé » en langue maya yucatèque, est une ancienne cité de la civilisation maya. Avec une occupation continue remontant au début du Préclassique maya vers 1500 avant notre ère, cette cité a été habitée jusqu’au moins au XVIIe siècle, couvrant ainsi plus de 3 000 ans d’histoire. Contrairement à de nombreux autres sites mayas classiques dans les basses terres du sud, Lamanai n’a pas été abandonnée à la fin du Xe siècle après J.-C. Les premières structures monumentales de Lamanai, notamment des plateformes avec des structures périssables sur le dessus, ont commencé à apparaître vers 600 avant notre ère.

Exploration et découvertes

Le site, qui couvre environ 380 hectares, compte plus de 700 structures mayas identifiées, bien que seulement une poignée ait été excavée et étudiée. Parmi les structures les plus remarquables à explorer lors d’un voyage au Belize, citons le temple des masques, le temple du jaguar et le grand temple. Ces structures majestueuses témoignent de l’ingéniosité et de la maîtrise architecturale des Mayas, notamment avec leurs masques en stuc préservés atteignant jusqu’à 4 mètres de hauteur représentant des visages humains et de divinités, coiffés de casques qui évoquent des crocodiles, symbole emblématique de cette cité.

Les coulisses d’une prospérité continue

L’une des raisons de la longévité de Lamanai est sa position stratégique sur la lagune de New River, qui a permis un commerce florissant. Des marchandises telles que l’obsidienne, le jade, le cinabre, le sel, le miel et le cacao circulaient le long des routes commerciales mayas, stimulant ainsi l’économie locale. Au XIIe siècle, de nouveaux objets de commerce en cuivre et alliages de cuivre ont fait leur apparition, soulignant l’importance de Lamanai dans le réseau commercial et son adaptation aux innovations technologiques. En tout, 187 artefacts en cuivre ont été retrouvés sur ce site, y compris des cloches, des anneaux, des pinces, et des hameçons, ce qui en fait le lieu maya le plus riche en découvertes de cuivre.

Chantier archéologique et tourisme moderne

Les premières fouilles significatives de Lamanai ont commencé dans les années 1970 sous la direction de David Pendergast du Royal Ontario Museum. Aujourd’hui, le site est géré par Jamie Awe de l’Institut d’archéologie du Belize, avec des travaux de conservation menés par Elizabeth Graham et Scott Simmons du Projet Archéologique de Lamanai. Le site est accessible aux touristes par des excursions en bateau depuis Orange Walk Town le long de la rivière New, ou par une route de gravier à travers la région mennonite de Shipyard.

Le parcours des visiteurs

En visitant Lamanai, vous découvrirez un passé culturel riche et diversifié. Votre visite commence souvent par un trajet en bateau, où vous pourrez rencontrer une faune abondante, notamment des oiseaux exotiques, des singes hurleurs et même des crocodiles le long des rives. Une fois sur place, vous explorerez le parc archéologique, avec ses sentiers serpentant à travers des pyramides couvertes de forêt tropicale et se dressant fièrement au-dessus de la végétation.

Monuments et structures marquants

Il y a trois principaux groupes de structures à Lamanai, disposés autour de différentes places.

Le Temple des Masques, situé dans le complexe de la place nord, est l’un des édifices les plus impressionnants. Construit vers 600 avant notre ère, ce temple est orné de deux masques en stuc de 4 mètres de hauteur représentant des visages humains couronnés de coiffes de crocodile. Ces masques sont parmi les mieux conservés de la région maya.

Le Grand Temple, la structure pyramidale la plus haute du site, atteint une hauteur de 33 mètres, offrant une vue panoramique sur la jungle environnante et la lagune voisine. Ce temple possédait une série d’escaliers flanqués de masques, bien que certains soient désormais érodés.

Le Temple du Jaguar, caractérisé par ses masques de jaguar bordant l’escalier central, culmine à 29 mètres. Bien que seule la façade avant ait été complètement restaurée, elle reste une structure emblématique du site.

Un riche passé colonial

À partir du XVIe siècle, les Espagnols sont arrivés dans cette région, construisant deux églises en pierre taillée sur les structures existantes mayas. Un soulèvement maya dans les années 1640 a conduit à la destruction de l’une des églises, dont les ruines sont encore visibles aujourd’hui. Plus tard, au XIXe siècle, une usine sucrière a été construite au sud du site, abandonnée quelques décennies plus tard. Ses ruines font également partie des curiosités à visiter à Lamanai.

Changements modernes et engagement communautaire

Dans les années 1980, des réfugiés des guerres civiles au Guatemala et au Salvador se sont installés parmi les ruines, formant le village d’Indian Church. Le gouvernement bélizien a créé la Réserve Archéologique de Lamanai dans les années 1990, instituant des commodités pour les visiteurs, y compris des sentiers, un musée de site et un centre d’accueil. Bien que relocalisés un peu plus au sud, les résidents conservent un fort lien avec Lamanai.

Préservation d’un équilibre fragile

Avec la déforestation croissante due à l’expansion des terres agricoles, le paysage culturel et naturel de Lamanai est menacé. Le Belize dépendant fortement du tourisme international, notamment de croisières, le revenu généré contribue à l’entretien de sites archéologiques comme Lamanai, bien que cela procure peu de bénéfices directs aux communautés locales. Actuellement, le modèle touristique limite l’engagement communautaire et les bénéfices en restreignant l’accès et en marginalisant les résidents locaux des décisions.

Visiter Lamanai n’est pas simplement une exploration des ruines archéologiques, c’est une immersion dans un millénaire d’histoire humaine et de paysage naturel, où chaque structure, sentier et artefact raconte l’histoire d’une ancienne civilisation florissante et des cultures qui l’ont suivie.